Aperçu récent des tiques, des agents pathogènes et des mammifères hôtes dans le sud de l’Ontario et du Québec
Interroger la richesse en espèces de mammifères comme un prédicteur du nombre d’agents pathogènes dans les tiques à pattes noires.
Cette étude de Crandall et coll. (2024) examine les facteurs qui influencent la présence d’espèces pathogènes par rapport à sa prévalence chez Ixodes scapularis (la tique à pattes noires) et les hôtes de petits mammifères en Ontario et au Québec.
Cette nouvelle recherche souligne l’importance d’une surveillance continue des tiques à tous les stades de vie et de leurs hôtes afin de mieux comprendre comment les maladies transmises par les tiques se propagent au Canada.
Les changements climatiques et l’utilisation des terres propagent plus largement les maladies transmises par les tiques partout au Canada. La propagation de ces maladies dépend du nombre et de la répartition des tiques et de leurs hôtes animaux. Dans cette étude, les relations ont été examinées entre les agents pathogènes trouvés dans les tiques à pattes noires (Ixodes scapularis) et les mammifères qui les hébergent dans les zones présentant des niveaux variables de risque de maladie. Les données ont été recueillies à partir de relevés estivaux sur le terrain dans 16 régions du sud de l’Ontario et du Québec.
Des modèles statistiques ont été utilisés pour voir comment le nombre de tiques et la variété des mammifères hôtes ont influencé la présence et la propagation de cinq agents pathogènes communs. Ils ont trouvé trois types d’agents pathogènes dans les tiques et les petits mammifères en utilisant des méthodes de test avancées : Borrelia burgdorferi (la bactérie de Lyme), Babesia odocoilei, et Babesia microti.
Les taux d’infection de ces agents pathogènes variaient : de 0 % à 25,4 % chez les tiques et de 0 % à 16,7 % chez les petits mammifères. B. odocoilei a été trouvé dans des zones où son existence n’était pas connue auparavant, ce qui suggère qu’il se propage. Borrelia miyamotoi et Anaplasma phagocytophilum ont également été recherchés mais pas trouvés.
Fait intéressant, le nombre de tiques et la variété des mammifères hôtes n’ont pas affecté la présence des agents pathogènes étudiés comme ils s’y attendaient.
Cependant, le fait d’avoir une plus grande variété d’espèces de mammifères était un bon indicateur du nombre d’agents pathogènes différents présents. Les auteurs notent :
Cependant, la richesse en espèces de mammifères était un prédicteur clé du nombre d’espèces pathogènes. Notre étude démontre la nécessité d’efforts de surveillance futurs qui testent les quêtes et l’alimentation de I. scapularis de tous les stades de vie, ainsi que de leurs hôtes, afin de mieux déterminer la propagation, la transmission et la cooccurrence des agents pathogènes transmis par les tiques au Canada.
Cette étude met l’accent sur les interactions complexes entre les tiques à pattes noires, leurs hôtes mammifères et les agents pathogènes qu’elles transportent. D’autres études de surveillance nous permettront de mieux comprendre la transmission des agents pathogènes.
Entre-temps, la vigilance à l’égard des tiques est essentielle, peu importe où se trouvent les Canadiens au pays.
Citation
Crandall, K. E., Kerr, J. T., & Millien, V. (2024). Présence, prévalence et diversité d’agents pathogènes chez ixodes scapularis et mammifères hôtes à leurs limites septentrionales en expansion. Frontiers in Parasitology, 2(11). doi :10.3389/fpara.2023.1272790.